De Sottomarina à Assise

Du 21 au 27 mai 2017

Le parc du delta du Pô possède la plus vaste extension de zone humide protégée d’Italie. La flore est variée au point de compter environ un millier d’espèces diverses. Même remarque en ce qui concerne la faune, avec plus de 400 espèces différentes, entre les mammifères, reptiles, amphibiens et poissons. La présence d’oiseaux est révélatrice avec plus de 300 espèces (nidification et hibernation), elle fait du delta du Pô la plus importante zone ornithologique italienne et une des plus connues d’Europe par les observateurs d’oiseaux. (Wikipédia)

SOTTOMARINA – LIDO DI POMPOSA 91 kms

C’est reparti ! et l’étape est assez surprenante. En effet, il ne nous arrive rien d’imprévu.

Nous avons traversé le delta du Pô et c’est une zone superbe pour les ornithologues. Entre les rizières et les marais c’est un silence profond accentué par le chant des oiseaux, des senteurs enivrantes, le tout sur des pistes loin de la circulation et sous un soleil resplendissant. Nous avons vu des… mais aussi des… et des… peut-être des grues, c’est là qu’on se sent bête de ne pas trop savoir.

Nous sommes toujours sur les bords de l’Adriatique et le soir nous avons encore l’embarras du choix pour le camping.

Nous nous arrêtons dans un grand camping avec plage et sans musique et c’est vrai qu’on y est très bien.

LIDO DI POMPOSA – LIDO DI SAVIO 110 kms

Une journée de tourisme. Nous ne progressons pas beaucoup sur la carte mais nous faisons beaucoup de kilomètres, des kilomètres de rêve pour la plupart, du moins au début.

Tout a commencé de façon très agréable. Nous longeons la mer et nous passons par de belles stations balnéaires mais surtout par un port de pêche très beau, dans une ville très vivante, PORTO GARIBALDI, il faudra y revenir.

Ensuite nous bifurquons vers l’Ouest, pour entrer un peu plus dans les terres, et là cela devient sublime. Nous entamons le tour de la valli di Comacchio, une super étendue d’eau et de marais avec là encore des oiseaux magnifiques, des oiseaux de toutes les couleurs, des chants, du silence, des espaces infinis, et même si cela nous éloigne de notre route nous ne regrettons pas le détour.

Pour trouver des campings il nous faut revenir vers la côte, même si c’est moins exotique, avec ses pinèdes et ses stations balnéaires qui sont toutes un peu sur le même modèle. Mais avant cela nous passons nos deux bacs.

Nous nous dirigeons vers RAVENNE et la route est beaucoup moins agréable, elle devient même stressante par moments. La circulation est très dense à l’approche de la ville ; les ronds-points ne sont pas toujours bien aménagés, il faut les prendre en catastrophe, en se faisant rouspéter par les routiers, bref la totale, comme bien souvent pour entrer dans les grandes villes.

Il y a ensuite des pistes pour aller de RAVENNE à la mer, mais elles ne sont pas toujours bien indiquées. Nous allons, nous revenons, nous retournons pour retrouver le bon petit pont, le bon petit chemin, des erreurs certes, mais toujours dans un cadre idyllique. Mais tout est bien qui finit bien : après un premier camping fermé on nous en indique un autre, à trois kilomètres, à droite du semaforo, à LIDO DI SAVIO. Le site n’est vraiment pas très romantique, mais ce n’est pas cher.

1 2 3 4 5 6 7

LIDO DI SAVIO – MISANO

Petite étape de repos avant de commencer à grimper les Apennins demain, vers URBINO.

Comme César il y a quelque temps, dans une zone encore assez verte, nous avons jeté le sort (où ?) en franchissant le Rubicon.

Le Rubicon est un tout petit fleuve côtier (29kms) mais ce nom avait une résonance toute particulière dans le droit romain car aucun général n’avait l’autorisation de le franchir avec une armée. Il servait de frontière entre l’Italie romaine et la Gaule cisalpine. Il devint célèbre quand Jules César le traversa avec ses légions le 11 janvier 49 av. J.-C. sur les traces de Pompée. Si l’on en croit Suétone, il lança en franchissant la rivière la célèbre formule : « Le sort en est jeté » (« Alea jacta est »). De cet épisode est née l’expression « franchir le Rubicon » qui a survécu jusqu’à nos jours. Elle évoque une personne se lançant irrévocablement dans une entreprise aux conséquences risquées, et c’était notre cas.

Après il n’y a plus que des stations balnéaires et même si certaines sont assez jolies la plupart se ressemblent. Des plages aménagées, des jeux, des grandes rues avec peu d’arbres et peu d’ombre mais avec beaucoup de magasins, tout cela greffé à RIMINI, le gros centre de cette région de l’Adriatique. Ce n’est pas très original et l’été doit y être infernal. Je me demande comment on peut prendre du plaisir à venir y passer ses vacances. Seule CESENATICO, avec son port canal, a vraiment du charme.

Le camping que nous trouvons n’a rien de folichon (ils nous ont collés le long des douches) mais il est proche de la mer et Geneviève peut se baigner une dernière fois. Pour moi, la douche suffit.

56 kms d’étape

Le Rubicon

MISANO – URBINO 50 kms

La région où nous sommes s’appelle La Marche, mais en fait il y a beaucoup de marches, et qui plus est : elles montent toujours et lorsqu’elles démontent c’est pour remonter de plus belle. Nous sommes partis du niveau de la mer pour atteindre plusieurs fois les 400 mètres d’altitude. Cela peut paraître peu mais à la longue cela use, et lorsqu’en arrivant à URBINO nous avons compris que le camping était tout au sommet de la montagne j’ai senti mes jambes qui se décomposaient ; Geneviève est arrivée bien avant moi au camping.

Nous avons fait un dénivelé énorme mais nous avons vu des paysages, des points de vue, des petites villes magnifiques et nous plantons la tente dans un cadre exceptionnel avec une vue imprenable sur URBINO. Nos efforts sont récompensés.

Gros orage la nuit.

Le gérant du camping nous a emmenés en voiture jusqu’au centre-ville, et il viendra nous rechercher ce soir. Nous n’aurons pas à refaire la montée. Nous pouvons donc visiter sereinement la vieille ville et le Palais Ducal qui recèle une riche collection de peintures du XVème. Nous pouvons admirer Piero della Francesca, la Cité idéale etc.

URBINO est une ville magnifique qui n’a rien à envier à Venise, sauf peut-être le nombre de touristes, mais cela nous arrange plutôt d’avoir un palais et un musée rien que pour nous. C’est une ville ancienne mais c’est une ville étudiante qui est très vivante.

Le resto du camping a été une très bonne surprise aussi. Nous n’avons pas mangé de pizzas, mais de la vraie, presque de la grande cuisine, avec beaucoup d’herbes et de saveurs.

« Urbin….sur le haut d’une montagne de moyenne hauteur, mais se couchant de toutes parts selon les pentes du lieu, de façon qu’elle n’a rien d’égal, et partout il y a à monter et à descendre. » — Michel de Montaigne, Journal de Voyage en Italie.

Vue d’Urbino depuis le camping
Urbino vue depuis le camping

URBINO – GUBBIO 70 kms

Le jour de l’Ascension ne semble pas être un jour chômé en Italie, mais nous, nous n’avons pas chômé pour les ascensions. Que de dénivelé, que de bosses, que de murs… de beaux petits cols quelque fois réguliers mais souvent trompeurs : on croit que c’est fini, ça se calme, mais ça recommence de plus belle.

Les paysages des Apennins sont toujours superbes, je me répète mais je ne peux pas faire autrement : chaque jour nous émerveille et à chaque virage c’est encore plus joli. De plus, il fait beau. Nous arrivons à GUBBIO vers 16h30, le temps de visiter rapidement « la plus belle cité médiévale » (c’est écrit à l’entrée). C’est une assez grande ville bien conservée et je vais encore dire que c’est beau.

Le camping de GUBBIO est vide mais il est ouvert. Nous serons ses seuls clients (il y a de quoi s’inquiéter pour la survie des campings). La gérante a téléphoné pour nous commander des pizzas et elle prendra sa voiture pour aller nous les chercher. Nous ne mourrons pas de faim, elles sont énormes.

Cette attention de la gérante montre combien les Italiens savent être avenants, sympathiques et serviables. Aujourd’hui encore, alors que nous cherchions notre chemin, comme toujours, nous avons rencontré un monsieur qui était à vélo et qui nous a proposé ses services en nous disant de le suivre jusqu’à la sortie de la ville. Un peu plus loin une jeune fille a essayé aussi de nous aider, elle a fait de gros efforts pour comprendre notre carte et pour nous conseiller, et même si elle s’est trompée, ce sont des attentions et des intentions qui font plaisir.

GUBBIO – ASSISE 50 kms

Le temps reste estival mais les paysages sont de plus en plus beaux (jusqu’où s’arrêteront-ils ?). Nous grimpons encore quelques petits cols et après VALFABRICA nous avons trois kilomètres qui je l’espère seront les plus difficiles de notre parcours. Trois kilomètres à 15% au moins, et c’est trop pour mes jambes, je ne peux les faire en vélo. Je pousse, je pousse, arcbouté sur mon vélo, c’est lourd, c’est dur, dur, mais qu’est-ce que c’est beau ! C’est grandiose, et la descente vers ASSISE est divine.

Nous sommes arrivés à ASSISE assez tôt pour apprécier une bonne bière et pour commencer à nous instruire sur la vie de Saint François, patron des écologistes, mais nous irons visiter la ville demain.

François d’Assise (1182-1226) fondateur de l’ordre des frères mineurs (Ordre franciscain) caractérisé par un engagement dans la vie religieuse qui passe par l’imitation du Christ dans la prière, la joie, la pauvreté et l’amour de la Création divine. Il est considéré comme le précurseur du dialogue interreligieux. C’est la raison pour laquelle sa ville natale a été choisie par Jean-Paul II comme siège de la journée mondiale de prière.

ASSISE 11 kms

Repos. Grasse matinée puis nous prenons nos vélos pour aller visiter ASSISE, ville médiévale de caractère mais polluée par les trop nombreux touristes et les trop nombreux marchands de souvenirs. Mais le nombre de touristes se comprend mieux lorsqu’on entre dans les deux basiliques dédiées à Saint François. Ces deux basiliques sont l’une sur l’autre. La basilique inférieure, de style roman, est d’une beauté et d’une richesse à couper le souffle et à croire au bon Dieu. Elle est entièrement couverte de peintures du XIIIème et chaque détail est une merveille.

La basilique supérieure (par le nom seulement) est de style gothique. C’est plus éclairé ; c’est aussi très décoré, mais l’impression produite est moins forte que celle laissée par le trésor roman qui est en-dessous. Il y a aussi un musée, des chapelles… et tout est gratuit.