Monténégro
De Zaton à Shkoder
2 juin ZATON – ZELENICA 66kms
Nous n’avons pas précipité notre départ, mais à 8h15 nous n’avions toujours vu personne au camping et nous avons donc été contraints de partir sans payer.
Pour aller jusque Dubrovnik il y a du monde sur la route, et cela monte bien. Mais l’entrée dans la ville se fait sans trop de difficultés.
L’arrivée à Dubrovnik est déjà grandiose
La ville fortifiée est une merveille et nous prenons le temps d’y flâner un peu. Nous poussons nos vélos sur le port et dans les petites rues, en évitant quand même les escaliers étroits.
Vu de loin, cela reste encore beau
Pour sortir de Dubrovnik il faut grimper une bonne cote. Nous le faisons, au début, en compagnie d’un cyclo Tchèque, mais il finit en marchant, prétextant qu’il est bon de faire fonctionner d’autres muscles… à noter que nous ne voyons pas beaucoup de cyclotouristes : une avant-hier, deux avant avant-hier, mais auparavant pas un depuis Trieste.
Nos problèmes mécaniques commencent à devenir de plus en plus sérieux mais nous ne voyons pas l’ombre d’un réparateur vélo.
Nous continuons vers le Monténégro, tant pis pour les kunas qui nous restent. La route monte encore bien jusque l’aéroport de Dubrovnik qu’ils sont allés percher sur un plateau. Ensuite, jusque la frontière, c’est plutôt descendant.
Sur cette route nous avons vu deux jeunes autostoppeurs qui nous ont dit « bonjour » (en français dans le texte). Nous avons bien bavardé avec eux ; il s’agissait d’étudiants de Science-Po Paris qui devaient faire un parcours en stop pour traverser l’Europe et aller jusqu’en Ukraine. Ils étaient plusieurs binômes à faire ainsi la route, et ils changeaient de partenaire chaque jour. Ils devaient arriver à Odessa pour le 20 juin. Nous avons vu un autre binôme un peu plus loin.
À la frontière du Monténégro nous avons croisé un cyclo Français qui venait d’Italie (il avait fait Bari-Bar en bateau) et nous lui avons échangé les kunas qui nous restaient : une aubaine car il n’y a pas de change aux frontières. Ce cycliste Amiénois était parti de Palerme, avait fait le tour de Sicile, et il semblait bien fatigué et bien démoralisé. Il venait d’apprendre aussi qu’il avait perdu plusieurs centaines d’euros en consultant internet au Monténégro, et contrairement à l’Italie, il faut payer très cher pour y avoir accès !
Le passage de la frontière est assez long ; il y a une grande queue, heureusement qu’ils font passer les vélos sur le coté.
Nous avons du mal à trouver un camping. Nous nous sommes installés dans la verdure, un peu à l’écart de la route, mais ce n’est pas le grand silence.
De Zelenika à Buljarika, 65km
Départ à 8 heures pétantes : même les militaires ne sont pas aussi ponctuels. À cette heure là il n’y a pas trop de monde sur les routes, surtout un dimanche direz-vous, mais détrompez-vous car les dimanches ne semblent pas être chômés au Monténégro.
Nous longeons les Bouches de Kotor, très joli site, avant de les traverser sur un ferry à 1 euro par personne. Vu le spectacle et les kilomètres que cela fait gagner, ce n’est pas cher du tout.
Par la suite la route devient de plus en plus encombrée et bruyante.
Avant Budva, sur les conseils d’un Allemand francophone (il avait passé son enfance au Maroc), nous prenons une belle petite route qui monte bien raide (plutôt que le tunnel) et qui arrive en haut de Budva, à l’acquapark.
Budva est une énorme station balnéaire, du genre de celles que nous évitons soigneusement en France. C’est affreux de voir autant de parasols et de viande morte étalée sur le sable. Mais cela semble être le genre de tourisme apprécié par les Monténégrins (et d’autres).
Un peu plus loin nous passons dans une zone verte hyper luxueuse, où il y a beaucoup moins de monde (tout se paye !) et qui semble avoir la préférence des Russes, enfin des Russes qui ont une grosse voiture.
Bof beauf…
Ce quartier huppé est situé juste au-dessus de la magnifique presqu’île de Sveti-Stefan. Ce ne sont qu’hôtels et résidences de luxe, gardiens, barrières, péages… et nous y avons même vu une voiture de police, ce qui est pourtant assez rare dans ce pays (et en Croatie).
Notre sentiment, en longeant la côte, c’est que le Monténégro est en train de commettre l’erreur commise par la Costa-Brava et d’autres régions superbes : ça bétonne et ça construit à tout va ! Adieu les beaux paysages (et il y en a beaucoup ici). Tout va devenir lieu de consommation, tout va être bradé, jusqu’à ce que personne n’ait plus envie d’y venir sinon les circuits touristiques à bas prix.
Nous avons visité deux campings mais ils étaient invivables. L’un d’entre eux ressemblait plus à une friche qu’à un camping ; j’y ai roulé sur un serpent énorme (nous en voyons beaucoup par ici). L’autre était à un carrefour, autant dire sur la route. Nous nous arrêtons au troisième, il a l’air bien. Il y a de l’herbe, ce qui est assez rare pour être mentionné, et il a l’avantage d’être près de la plage. Plouf fait Geneviève.
Le restaurant où nous mangeons est d’un bon rapport qualité/prix : toutes les conditions sont réunies pour que nous nous reposions là une journée.
Repos à Buljarika
4 juin BULJARICA
Notre tente est installée dans un endroit peu ombragé, surtout le matin, et dès le réveil il fait déjà très chaud. Pour déjeuner nous nous réfugions dans un petit coin du camping, plus au frais sur l’herbe verte, et nos voisins d’en-face, des Serbes, viennent nous proposer spontanément une table et des chaises. C’est le grand confort.
Nous allons profiter de la journée pour essayer de faire la lessive (cela devient urgent) mais notre but sera surtout de nous reposer. Nous nous documentons aussi sur l’histoire de ce petit pays qu’est le Monténégro. Ce qui y est surprenant c’est la diversité des langues et des religions. Ce n’est en rien une nation, mais il y a une véritable volonté politique d’unifier et de faire progresser ce pays. À lire la constitution monténégrine il y a aussi un souci écologique, mais sur le terrain nous ne l’avions pas remarqué.
Sinon mon activité principale va être de cultiver l’art de ne rien faire. Tout en restant modeste, je dois reconnaître que je suis déjà assez bon dans cet art, mais cela ne coûte rien d’entretenir un peu ses talents.
Notre voisin de droite est un Suisse naturopathe qui reste dans ce camping toute l’année, depuis un temps certain, uniquement pour travailler au calme.
Notre voisin de droite est un Suisse naturopathe qui reste dans ce camping toute l’année, depuis un temps certain, uniquement pour travailler au calme.
5 juin BULJARICA – SHKODER 64kms
Un petit col de 4 kilomètres pour démarrer, ça réchauffe… Mais la route qui nous mène jusque Bar n’est pas plus drôle que les jours précédents. C’est l’inconvénient des routes de bord de mer : il y a toujours du monde.
À Bar nous passons devant un réparateur de vélos ; cela faisait longtemps que nous n’en avions pas vu et comme Geneviève n’a plus de frein arrière depuis un moment nous prenons la décision de nous arrêter pour faire réparer.
C’est un petit jeune très sympathique qui tient la boutique et qui nous reçoit très bien, mais il ne se sent pas capable de faire cette réparation. Par contre il nous conseille d’aller voir Ranko. Ranko n’est pas officiellement réparateur, mais d’après lui il saura faire quelque chose… Pour trouver Ranko il faut le demander à l’hôtel Berlin qui se trouve à un kilomètre et qui est tenu par son frère. C’est ce que nous faisons et son frère prend un vélo pour nous emmener dans des petites rues, à quelques centaines de mètres. Ranko nous y attend dans sa petite maison, il a été prévenu par téléphone, et il nous ouvre la porte de son garage. Il est bien outillé et il s’avère être un mécano super. Après avoir essayé de réparer, en vain, il nous propose de changer tout le mécanisme de freinage. C’est ce qu’il fait en un temps record et pour une somme dérisoire. Merci Ranko (c’est un ancien champion de vélo). Geneviève a des freins neufs et nous pouvons repartir.
La morale de cette histoire c’est qu’il vaudrait mieux avoir un système de freinage simple, plutôt que des freins hydrauliques Magura, certes performants lorsqu’ils fonctionnent, mais irréparables sans un matériel spécifique.
Quelques kilomètres après Bar nous quittons la grande route pour faire encore une super montée. Mais la suite est très belle. C’est une petite route, sur le plateau, suivi d’un faux plat descendant, sous le soleil, dans une campagne plus verte, plus cultivée, où les minarets ont remplacé les clochers.
La région est encore montagneuse
Une mosquée et un cimetière