Repos, ou presque. C’est le jour de la lessive et ce matin Geneviève frotte fort. Cela fait nous partons aussitôt pour faire l’ascension du Vésuve, d’abord en bus, puis en 4×4 et enfin à pieds jusqu’au sommet, c’est-à-dire au bord du cratère. Le plus dur c’est en 4×4, mais je ne suis pas là pour vous parler de l’état de mon cœur ou de mes fesses, ça secoue, parlons plutôt de la vue sur la baie de Naples, de la découverte du volcan (qui est tout à fait calme hormis une toute petite fumée), ce sont de vrais bonheurs pour les yeux. Question repos c’est autre chose… il y a une bonne petite marche, avec la déception quand même, de trouver des marchands de souvenirs en haut. Ils sont partout !
Une rencontre au sommet et des échanges intéressants avec un couple de Roumains heureux. Lui a fait ses études à Compiègne, comme moi : le monde est petit.
En revenant l’après-midi nous constatons que nous n’avons rien à manger et tout est fermé (lundi de Pentecôte oblige) y compris au camping. C’est donc en jeûnant que nous essayons de nous reposer de notre dure et belle journée.
POMPEI – LAURA 68 kms
Nous sommes très heureux de quitter POMPEI, sa foule, son bruit, son camping près du train, sur les cailloux, bref nous sommes heureux de reprendre la route. D’abord une route assez urbaine, jusque SALERNE où nous retrouvons enfin un bord de mer tranquille (car si on compte bien, depuis POZZUOLI, cela fait quand même 70 kilomètres en agglomération).
Cette tranquillité de la mer nous décide à modifier un peu notre parcours. Nous étions partis pour aller à EBOLI mais nous allons plutôt continuer à longer un peu les plages, ce sera plus facile pour trouver un camping.
Notre camping est à LAURA, juste un peu avant PAESTUM. C’est un camping très peu fréquenté, peu cher et hyper calme (sans train qui passe, il n’y a que le bruit des vagues). Comme nous arrivons assez tôt, Geneviève peu profiter de la sieste et de la baignade. Moi je n’ai plus qu’à attendre ma bière sur la terrasse : quelle vie on mène ! On a enfin trouvé le repos que l’on avait cherché en vain à POMPEI.
La birra Moretti va nous devoir beaucoup.
Quelques courses et on mange au restaurant Lido Nettuno et c’est un resto d’une très bonne qualité pour ne pas dire gastronomique. Les tagliatelles de thon au sésame étaient exquises.
Nuit de silence, cela faisait longtemps…
LAURA – ATENA 73 kms
Nous savions qu’aujourd’hui nous allions attaquer la montagne et nous avons été servis. Première montée assez sérieuse mais régulière pour atteindre ROCCADASPIDE, puis nous redescendons. Ensuite c’est une montée à n’en plus finir, 25 kilomètres en continu pour atteindre le col de La Sentinelle à 980 mètres d’altitude. Quand on est parti de zéro cela fait un bon dénivelé.
La descente est appréciable et nous atteignons ATENA où nous avons trouvé une chambre super, avec un vrai lit, une cuisine, une terrasse i tutti quanti. L’avantage du sud c’est que les prix descendent à mesure qu’on descend, surtout lorsqu’on quitte les zones touristiques. Nous payons moins cher les chambres à la campagne que les campings à la mer.
Les paysages et le calme du parc del Silento, que nous avons traversé en montant, étaient super aussi. Tout compte fait, même si nous avons perdu quelques litres en montant (il fait chaud) c’était une très bonne journée.
ATENA – MISSANELLO 86 kms
Je ne suis plus habitué à dormir dans un lit mais le confort fait du bien quand même.
Nous sommes partis en suivant la SS598 qui indique la direction de TARENTE mais nous n’irons pas jusque-là. Ça monte et ça monte encore mais à partir de MARSINO NUOVO nous profitons d’un bon faux-plat descendant. Le midi nous sommes à VILLA D’AGRI et Geneviève profite de la pause méridienne pour essayer de régler ses problèmes de mails. Sa boîte a été piratée et tout le monde lui écrit en s’inquiétant. C’est dans ce genre de situation que l’on compte ses amis et elle en a beaucoup, mais il faut leur répondre.
L’après-midi nous prenons quelques petites routes pour rompre la monotonie des nationales. La vallée est jolie et plutôt verte pour cette région déjà bien au sud. Ensuite il faut reprendre la SS598 pour avancer et avoir l’espoir de trouver un lieu pour dormir. C’est un peu avant SANT ARCANGELO que nous nous arrêtons dans un agricampeggio (à conseiller). La famille est très accueillante et aux petits soins ; la cuisinière nous fait goûter tous les plats originaux de la région et le repas du soir est le meilleur que nous ayons fait depuis notre départ.
L’agricampeggio
MISSANELLO – POMARICO 80 kms
Chaud chaud, il fait chaud. Nous suivons la vallée de l’Agri. Il n’y a pas de villages et nous roulons dans des champs d’arbres fruitiers où il n’y a personne.
Au bout d’une trentaine de kilomètres nous bifurquons pour remonter vers le nord à travers de petites montagnes (au début) et les paysages deviennent arides (et torrides). Dans une grimpette assez rude j’ai le désagrément de perdre mon porte-bagage arrière ; il s’est décroché et est tombé d’un coup ! c’est assez désagréable et sur le coup cela fait peur. Heureusement que ce n’était pas en descente.
Nous avons la chance de trouver un coin à l’ombre, qui plus est près d’une des rares fontaines du secteur, pour pouvoir réparer. Nous trouvons ensuite, près de là, un petit village (ce qui est aussi rare que les fontaines) où nous pouvons faire les courses et manger.
Après une légère collation (régime fruits et légumes frais) nous nous dirigeons vers PISTICCI sous un soleil toujours plus brulant. À PISTICCI nous prenons une route désaffectée, route interdite à toute circulation[1], vers POMARICO. Pendant une trentaine de kilomètres nous allons monter dans des montagnes désertiques, magnifiques, sans voir âme qui vive : c’est le paradis sous un cagnard d’enfer. Je perds des litres et des litres, et en montant j’ai en tête l’image du capitaine Haddock qui rêve au whisky en grimpant dans l’Himalaya. Moi c’est à la bière que je pense, qu’elle va être bonne en arrivant !
Nous renoncerons à aller jusque MATERA, c’était notre projet initial, et nous préférerons demander à ebooking de nous trouver un hôtel à POMARICO (il n’y a pas de camping). C’est une ville perchée tout en-haut de la montagne, et l’hôtel est perché tout en-haut de la ville. La vue y est grandiose, à 360°, nous voyons même la mer. L’hôtel est en même temps un centre équestre, il y a des chevaux partout, et le restaurant de l’hôtel a fait de la viande chevaline sa spécialité : ils aiment vraiment le cheval.
[1] Nous trouverons plusieurs fois des routes abandonnées. Les Italiens préfèrent fermer les routes plutôt que d’entreprendre des travaux de restauration. Il est vrai que dans ces montagnes qui s’effritent l’entreprise serait onéreuse et à renouveler sans cesse
POMARICO – ALBEROBELLO 99 kms
Nous n’aurons pas tous les jours des routes paradisiaques comme hier et aujourd’hui nous sommes davantage dans la normale, sur des axes assez fréquentés. Nous descendons puis remontons vers MERATA[2] où nous ne voyons rien de grandiose sinon quelques belles statues.
Nous continuons vers GOIA DEL COLLE. La route devient beaucoup plus belle et en entrant dans les Pouilles nous remarquons très vite les changements architecturaux. Il y a de grands et beaux murs de pierre et petit à petit les trullis font leur apparition et se font plus nombreux.
L’avantage des villes touristiques c’est qu’il y a des campings et nous trouvons facilement notre place à ALBEROBELLO.
Alberobello possède la particularité d’avoir des maisons faites de pierres sèches (sans mortier) et au toit en forme de cône couvert de lauses calcaires plates ou extraites lors du creusement des citernes afférentes à chaque nouveau trullo. Elles ont pour nom trulli (au singulier trullo) en italien mais casedde (au singulier casedda) en dialecte local. On en compte environ 1500 dans les quartiers Monti et Aia Piccola, tous deux classés au patrimoine mondial de l’UNESCO. Elles font la renommée de ce centre urbain unique au monde. Le quartier Monti (« des Monts ») est le plus touristique de la ville. Les nombreux trulli bordant ses ruelles pentues sont pour la plupart convertis en boutiques de souvenirs et de produits artisanaux. Quant au quartier Aia Piccola (« la petite aire »), il sert encore de quartier d’habitation et échappe à l’activité commerciale liée au tourisme de masse. (Wikipédia)
Nous voulons prendre le temps de flâner un peu en ville et prendre le temps de goûter les spécialités culinaires tant vantées sur les publicités du bord de route et c’est ce que nous faisons. Bon… quand on a gouté ces spécialités on se dit qu’ils ont raison de les vanter, sinon ils ne les vendraient pas.
[2] Nous ne sommes pas entrés suffisamment dans la ville qui parait-il est très belle.
ALBEROBELLO – MARINA DE FERRARE
(MASSAFRA) 58 kms
Nous visitons la ville et en particulier le village des trullis, un vrai village, habité ; c’est un peu comme si les gens vivaient dans un musée. Ces maisons de pierre peintes en blanc sont très exotiques, on ne sait plus si on a franchi la Méditerranée.
Direction la mer, sur des routes où il y a encore beaucoup de trullis, par LOCOROTONDO et MARTINA FRANCA. Les 25 derniers kilomètres vers MASSAFRA se font sans aucun effort, un peu comme si nous étions en mobylette, quasiment sans jamais relancer le moteur. C’est bon la mobylette !
Nous nous arrêtons lorsque nous rejoignons la mer. Autant dire que c’était presqu’une journée de repos. Je trouve même que c’est plus reposant qu’une journée à grimper le Vésuve. C’est de la récupération active dit Geneviève.
Nous avons du mal à bien savoir le nom de la commune et de la plage où nous sommes, mais nous y sommes et c’est l’essentiel. Disons que c’est un camping au bout du monde, pas très loin de TARENTE, peut-être à JONICO ou LIDO AZZURO. Mais ce qui est sûr c’est qu’il y a des pins, c’est ombragé, c’est calme, et les gérants sont sympathiques. Il n’y a aucun restaurant à moins de quinze kilomètres mais le soir, pour nous dépanner, Maria nous prépare un bon repas, spaghettis, boulettes, salada mista, vin blanc à volonté, eau, fruits. Merci Maria ! C’est super bon.