CAGLIARI – URAS 83 kms
La nuit n’a pas été aussi longue que nous le craignions, les périodes d’endormissement ont dû être nombreuses.
À l’arrivée à CAGLIARI nous avons vu qu’il y avait de gros nuages et nous avons effectivement essuyé (c’est le cas de le dire) un gros orage et une pluie très forte. Heureusement que nous avons pu nous abriter un peu dans l’abri à caddy d’un super marché. Nous ne savions pas que cet orage allait être suivi d’un vent très fort que nous avons eu bien sûr de face toute la journée. Les gens du pays appellent ce vent le « Mistral », est-ce le même que chez nous, il faudra vérifier.
L’étape a donc été très dure. Nous remontons vers le nord-ouest, en traversant toute la Sardaigne, les paysages sont très arides pour ne pas dire désertiques. Nous faisons étape à URAS, zone un peu plus verte, mais manque de chance une bonne partie du village, et en particulier le B&B où nous allons (il n’y a pas de camping), est privé d’eau.
Le restaurant où nous mangeons le soir est vraiment très sympathique et très vivant ; tout le village doit s’y donner rendez-vous. Grâce à la générosité de quelques consommateurs qui viennent discuter avec nous, nous pouvons goûter, à l’apéritif, quelques spécialités locales intéressantes.
La suite du repas est amusante et montre combien le manque de langue fait parfois saliver. Geneviève avait commandé une soupe, elle aime ça, mais en voyant une grosse assiette de moules passer devant elle, elle se met à regretter : « j’aimerais bien commander un plat comme ça mais je ne sais pas comment on dit ». Il est vrai que bien souvent nous commandons « en aveugle », les menus ne sont pas traduits. Et nous attendons que nos plats arrivent. Et qu’amène le garçon ? je vous le donne en mille Émile, mon assiette de la mer, d’accord, mais aussi une grosse assiette de moules pour Geneviève. Les incompréhensions linguistiques et les faux-amis font parfois bien les choses. La « zuppa di cozze » ce n’est pas de la soupe, ce sont des moules !
Un ange gardien a veillé sur nous tout au long de notre périple. Nous avons eu l’occasion de le croiser en Sardaigne.
URAS – CUGLIERI 71 kms
Une journée « lisse », conforme aux prévisions, c’est très rare. La route que nous prenons suit à peu près l’itinéraire de l’autoroute, mais c’est une route agréable. Nous longeons un grand lac puis nous arrivons à ORISTANO où il y a beaucoup de bouchons que nous dépassons allègrement avec nos vélos (c’est toujours un plaisir que de narguer, avec le sourire, les automobilistes qui cuisent et pestent dans leur voiture).
Nous prenons ensuite la SS vers BOSA. Ça monte, oui, mais c’est agréable, cela se fait bien, la chaleur n’est pas trop accablante (bon, à mon avis, dans les côtes, ce sont les automobilistes qui doivent nous narguer un peu en nous klaxonnant). Les bords de mer sont plein de charme.
Nous nous arrêtons à CUGLIERI, dans un petit gîte, tout en haut d’une petite sente de cette vieille ville perchée (eh oui, c’est toujours en-haut !). C’est une petite ville de caractère et le gîte n’en manque pas non plus ; de belles pièces voutées, une cuisine sans fenêtre, on est comme dans un tonneau au frais dans la cave, on est bien. Le gîte appartient à une jeune fille étudiante en art, il est décoré avec goût. Cette fille est partie faire le tour de la Croatie en vélo, ce doit être quelqu’un de bien, tout comme sa mère qui nous accueille. Une bonne nuit de repos et tout est parfait.
CUGLIERI – ALGHERO FERTILIA 72 kms
C’est superbe. La route sait ajouter du plaisir au bonheur. Plaisir des paysages, du silence, c’est paradisiaque. Nous allons d’abord à BOSA. Nous y avions déjà passé des vacances chez les parents de Joseph, mais y arriver en vélo, par la côte, c’est encore plus beau.
Ensuite c’est comme dans un rêve : 48 kilomètres sans un seul village, dans les montagnes arides qui bordent la mer, avec une vue imprenable. Bien sûr ça monte, ça monte, ça redescend aussi mais ce n’est pas de tout repos. Bien sûr il fait chaud, très chaud et il n’y a pas d’ombre. C’est dans le fossé, à l’abri d’un buisson, que nous prendrons notre repas de midi. Bien sûr ce n’est pas le confort, mais qu’est-ce qu’on est bien ! Sûrement une des plus belles portions de notre périple.
La route mène à ALGHERO, une station balnéaire très bien fréquentée ; il y a du monde, du beau monde mais la station est belle. Le camping que nous trouvons est un peu plus loin, à FERTILIA, et il est situé entre une grande plage de sable blanc et un grand étang avec des flamants roses. C’est un grand camping qui n’est peut-être pas un modèle de calme mais c’est bien quand même. Nous sommes installés dans la zone la moins chère et elle est assez près du podium d’animation. Cette nuit nous dormirons au son du karaoké.
Au cours de notre balade du soir nous avons vu un immeuble, ancien centre de vacances et de voile, qui sert de centre d’accueil et de formation pour les migrants. Cela fait plaisir de voir que certains sont quand même pris en charge, mais il en reste beaucoup sur les routes.
FERTILIA – SORSO 62 kms
Changement de décor. Finis les grands espaces désertiques brûlés par le soleil. Finies les montagnes arides au bord de la mer. Nous sommes dans une zone plus verte, une zone arborée (pins, eucalyptus) où il y a aussi des fermes, de la culture, de la vie. C’est plus humain.
Sachant que l’étape était courte, nous avons choisi de faire des détours par des petites routes à l’ouest de l’axe ALGHERO-PORTO TORRES, et ces routes sont tranquilles. La seule difficulté c’est de trouver de quoi manger, mais ce n’est pas la première fois que nous avons ce problème. Nous mangerons le peu que nous avons, près d’une église, à l’ombre, non loin d’un groupe de migrants qui, à mon avis, avaient encore moins que nous.
À PORTO TORRES nous nous arrêtons au bureau maritime mais nous ne voyons personne ; il n’y a pas plus de personnel dans les bureaux que de bateaux dans le port. Nous pouvons quand même vérifier, sur des panneaux, que les billets que nous avons réservés correspondent bien à un départ prévu le lendemain. Nous devrions pouvoir aller en Corse : ouf !
à Porto Torres ils mettent des pulls aux arbres, question de climat sûrement
Nous longeons ensuite la mer, des petites falaises où des plongeurs s’en donnent à cœur joie, et notre intention est de nous arrêter au premier camping. C’est ce que nous faisons une dizaine de kilomètres plus loin, à SORSO. C’est un grand camping mais la place que nous y trouvons est toute petite. Nos voisins, très proches par la force des choses, sont un couple de Nîmois dont la femme est enceinte de quatre ou cinq mois. Elle fume beaucoup, c’est un peu stupide. Mais est-ce simplement stupide ? Pour Geneviève, nuire à quelqu’un en sachant qu’on lui nuit, ce n’est pas stupide, c’est criminel, c’est être coupable.
A Porto Torres ils mettent des pulls aux arbres, question de climat sûrement
SORSO – PROPRIANO 22 kms
Aujourd’hui : retour en France. Mais il faut d’abord rejoindre PORTO TORRES, faire quelques courses, continuer à chercher du gaz (c’est une activité quasi quotidienne et vaine), et enregistrer nos billets. Tout cela nous permet de découvrir un peu la ville : ce n’est ni la plus belle ni la plus touristique de Sardaigne, c’est juste une ville portuaire, normale, et c’est pour cela qu’elle est intéressante.
Sur le bateau il n’y a vraiment pas grand monde. Nous sommes moins de cinquante, c’est sûr, et le bateau est prévu pour plus de 500 passagers. Autant dire que c’est calme ; nous avons un peu le sentiment de faire une croisière privée, c’est vraiment agréable et reposant. Nous pouvons profiter de plusieurs salons climatisés et je peux même regarder le tour de France à la télévision : pour une fois que ce sont les autres qui pédalent !
Il n’y a pas foule sur le pont