De Lignano à Lendava – Périples à vélo de Geneviève et Didier

Lignano – Lendava

Du 31 juillet au 6 août 2017

LIGNANO – NOVA GORICA 80 kms

Nous voilà à la moitié de notre périple. Trois mois déjà que nous sommes partis. Bien sûr il y a eu quelques journées laborieuses, à Rome par exemple, quelques journées aussi sans trop d’extraordinaire ou d’émerveillement, hier par exemple, mais globalement le bilan est on ne peut plus positif. C’est un bonheur immense que de découvrir chaque jour de nouveaux paysages, de nouveaux modes de vie ; c’est un bonheur immense aussi que de se découvrir soi-même, car lorsqu’on est sur son vélo, à pédaler, on a le temps de se retrouver, de se penser. Enfin et surtout, c’est un bonheur immense que de partager cette riche expérience avec la personne qu’on aime. Chaque couple devrait pratiquer ce genre d’aventure qui permet de se détacher de ce qui est accessoire et de comprendre où est l’important, de comprendre que sans l’autre il manque quelque chose d’essentiel. On en ressort plus forts sur un plan personnel, mais aussi plus proches, plus unis. Certes, nous voyons souvent des cyclo-randonneurs solitaires, c’est bien, mais il doit leur manquer ce quelque chose essentiel au bonheur qu’est le partage, l’amour.

Aujourd’hui nous montons vers la frontière slovène. La route en Italie (SS14) n’est pas spécialement drôle, mais après CERVIGNANO cela va beaucoup mieux.

Nous passons la frontière à GORIZIA. Un groupe de migrants y est réuni, près de l’ancienne douane, mais nous, nous ne voyons personne et nous passons sans nous arrêter. Le paysage en Slovénie est un peu différent de celui que nous avions ce matin en Italie ; il est beaucoup plus vert et plus montagneux, mais les pentes sont assez douces et ne demandent pas trop d’efforts. Heureusement car il fait encore très chaud.

Nous nous arrêtons dans un camping (Kamplijak) où il y a beaucoup de monde, beaucoup de personnes qui font du parapente. Le cadre est très agréable mais il y a peu d’ombre. Par contre la bière est bien fraiche et le personnel sympathique.

Le repas du soir est excellent ; il nous change de nos pizzas. Soupe très locale (à la choucroute) et viandes grillées en abondance… C’est une auberge de haut de gamme : elle mériterait qu’on y revienne.

« Smo mlada družina, ki razvaja dušo in telo svojih gostov! Kamp Park Lijak se nahaja v vasi Ozeljan v neposredni bližini Nove Gorice, v sončni Vipavski dolini, obdan z vinogradi in pod robom Trnovske planote med Julijskimi Alpami in Jadranskim morjem[1] ».

[1] C’est pour vous donner un aperçu de ce que nous comprenions. En fait cela veut dire : « Nous sommes une jeune famille qui chouchoute l’âme et le corps de leurs invités! Camping Park Hopper est situé dans le village de près Ozeljan à Nova Gorica dans la vallée ensoleillée de Vipava, au milieu des vignes et le bord du plateau Trnovo entre les Alpes Juliennes et la mer Adriatique ». C’est le début de la présentation de leur site web

NOVA GORICA – POSTOJNA 60 kms

Il y a des journées chaudes, très chaudes. À 10 heures le goudron commence à coller aux pneus, et comme je n’avais pas mis ma casquette j’ai dû prendre une légère insolation. J’ai la tête comme un tambour, et quand il faut monter un petit col de 7 kilomètres à 8% je n’ai plus de jambes. Nous faisons beaucoup d’arrêts en montant. Voilà ce qui explique qu’à 13h30 nous avons pris la décision de nous arrêter à POSTOJNA et de ne pas continuer vers LJUBLJANA comme nous l’avions prévu.

En faisant quelques kilomètres à l’ouest de POSTOJNA nous avons trouvé un camping bien arboré et donc bien ombragé. C’est appréciable. Le camping est situé juste au-dessus des grottes qui font le renom de cette ville. Il a l’air très calme. C’est un camping qui a dû être conçu à la période de Tito : les emplacements pour les tentes sont taillés dans le roc (il fallait des bras) et l’architecture des sanitaires est très fonctionnelle. Mais nous y sommes très bien.

En montant vers le Nord nous pensions trouver des températures plus clémentes mais il n’en est rien, ils annoncent encore 37° pour demain.

POSTOJNA – LJUBLJANA 65 kms

La campagne slovène, dans les régions que nous traversons, est superbe : montagnes et forêts, verts pâturages, on se croirait en Suisse, même les villages nous y font penser. Mais le coût de la vie reste slovène et c’est tout bénéfice pour nous.

Les routes sont très bien entretenues, bien signalisées, et nous rejoignons LJUBLJANA en fin de matinée. Nous étions partis de bonne heure pour éviter la canicule. Nous prenons le repas de midi dans le parc d’une université où nous croisons des étudiants français de Rouen qui font leur stage de fin d’année.

La traversée de LJUBLJANA se fait sans problèmes sur des pistes cyclables. La Slovénie est un pays qui se veut moderne, qui progresse beaucoup, et donc elle pense aux vélos, c’est bien.

Nous passons le reste de l’après-midi au camping, la chaleur nous dissuade de quelque activité que ce soit. Mieux vaut rester devant une bière, au frais ou presque, en lisant ou en faisant un sudoku. Nous faisons aussi une belle rencontre avec une famille de jeunes français, avec un enfant ; ils vont en Croatie à vélo. La jeune femme est d’origine polonaise et nous donne l’adresse de ses parents qui habitent près de Cracovie, on ne sait jamais, cela peut servir.

Les places au camping sont assez réduites et il y a beaucoup de monde, certes, mais de là à venir planter sa tente sur la nôtre… C’est pourtant ce que nous découvrons en rentrant du restaurant le soir. Un randonneur a mis sa tente à moins de cinquante centimètres de la nôtre. Il y a des gens qui ont vraiment peur de la solitude. Tant pis pour lui si je ronfle ou si je…

Ljubljana ou plus rarement Lubiana, est la ville principale et la capitale de la Slovénie. Ville d’environ 280 000 habitants, elle a été influencée tout au long de son histoire par différentes cultures du fait de sa position géographique charnière entre les cultures germanique, latine et slave.

LJUBLJANA – CELJE (ZADOBROVA) 82 kms

Il faut franchir une dernière petite montagne, gentille, roulante, avant de descendre vers la plaine de Pannonie (plus exactement la Basse-Styrie) et de se diriger vers la Hongrie. Tout est toujours aussi vert, aussi beau, aussi calme, mais également toujours très très chaud.

Nous arrêtons assez tôt, pour avoir le temps de ne rien faire, mais même en ne faisant rien, à l’ombre, nous fondons, nous dégoulinons et n’aspirons qu’à la fraicheur de la nuit, fraicheur qui ne vient en général qu’au petit matin.

Nous avons la chance de ne plus être dans des zones touristiques et cela permet de voir vraiment le pays, de côtoyer des Slovènes non pollués, de manger comme ils mangent[1]. Nous avons quand même trouvé un petit camping loin de tout et calme. Il y a très peu de monde hormis un petit groupes de Bretons, une famille avec beaucoup d’enfants, genre « cathos scouts » très gentils, qui voyagent à pieds et en train.

[1] Ce n’est pas tout à fait vrai, nous ne mangeons pas comme eux car ils mangent beaucoup trop vite. Au restaurant ils ont le temps de desservir trois fois les tables voisines pendant que nous faisons notre repas. Il faut dire que nous n’avons que ça à faire ! De plus, ce soir là, nous avions mangé un menu mexicain.

CELJE – PTUJ 75 kms

Le départ a été un peu retardé car je ne trouvais plus les clefs des antivols. On fouille partout, on va demander aux gérants du camping, tout le monde cherche, impossible de les retrouver. Il a fallu un long moment pour que je les découvre dans la trousse de toilette, là où je les avais cherchées au début. Alois Alzh… c’est comment déjà ? Je crois qu’il me guette : il va falloir que je fasse attention. Pour la peine nous prenons le temps de reprendre un café, café croissant et grand verre d’eau glacée, le tout pour 0,80 euro par personne ; notre budget s’en remettra.

Nous commençons par une très longue et belle piste cyclable puis sur des petites routes magnifiques. Les paysages sont parmi les plus beaux que nous ayons vus. Mais nous pensions faire des routes de plaine et il n’en a rien été, c’était au contraire très vallonné, avec plusieurs côtes à 16%. Les jambes de Geneviève ont été mises à rude épreuve ; quant à moi, j’ai parfois préféré faire marcher mes pieds (mais pousser un vélo chargé c’est du sport aussi).

Nous rejoignons ensuite la plaine et PTUJ, ville thermale où nous plantons la tente en début d’après-midi, car il fait encore très chaud.

Nous avons le temps de bien nous promener en ville, une ville pleine de caractère ; des petites rues et ruelles en pente, de vieilles demeures, un château, bref tout ce qui fait la beauté et le charme des villes anciennes épargnées par les guerres. Compte tenu des aménagements qui ont ensuite été faits pour les cures thermales, on peut comprendre que ce genre de ville puisse attirer autant de monde.

Le soir nous mangeons dans un restaurant très typique, très local. Les touristes ne semblent pas être leur préoccupation. Même s’il n’y a que trois tables occupées, il ne faut pas être trop pressé. La patronne a mieux à faire : elle préfère tailler la bavette avec ses copines plutôt que de s’occuper de la bavette de cheval que j’ai commandée. Et d’ailleurs quand le cheval est enfin arrivé dans mon assiette il était bien fatigué et bien raide, il avait dû faire beaucoup de chemin avant de venir mourir là. Quant à la friture de Geneviève, inutile de la décrire, il suffit de sentir. Elle était aussi fraîche que les bières périmées qui nous ont été servies. Difficile de faire un restaurant aussi mauvais, sauf peut-être le restaurant de la Préfecture à Saint-Lô[1]. Et le pire c’est que la patronne a osé demander à Geneviève « si cela avait été ? » ; elle n’a pas été déçue par la réponse, elle ne savait plus où se mettre.

Dernier petit tour en ville pour prendre le dessert ailleurs puis nous rejoignons le camping pour une bonne nuit sous la pluie. Mais au réveil il fait beau.

[1] Il y a beaucoup de restaurants qu’on oublie, même parmi les meilleurs, mais certains laissent des souvenirs indélébiles : il est dommage que ce soit les plus mauvais.

PTUJ – LENDAVA 73 kms

Nous poursuivons notre route vers la Hongrie en faisant une petite incursion en Croatie où nous mangeons le midi. Nous sommes contrôlés à la frontière, tant pour entrer que pour sortir de la Croatie ; cela ne nous était pas encore arrivé.

Nous nous arrêtons à LENDAVA, encore une fois aux thermes, mais les campings sont de pire en pire, et là on touche le fond. Espérons que ce sera mieux en Hongrie. LENDAVA n’est plus loin de la frontière, et il y a d’ailleurs deux langues officielles dans cette ville : le slovène et le hongrois.

Le restaurant proche du camping est plutôt bon, surtout en comparaison avec hier. Ils servent des plats simples mais c’est de la vraie cuisine, et le vin est bon. Voilà qui nous réconcilie avec LENDAVA, d’autant plus que nous passons une bonne nuit, au calme. Finalement le camping n’est pas aussi mauvais qu’il y paraissait.