De Bellinzona à Sottomarina

Du 7 au 15 mai 2017

BELLINZONA – CÔME 79 kms

Aujourd’hui c’est l’élection de notre président de la République et nous devrions avoir l’oreille collée au poste de radio pour savoir ce qu’il en est. Mais comme nous n’avons pas de poste de radio nous n’y repenserons que tard dans la soirée. Et puis, choisir entre deux maux, ce n’est pas notre souci, nous préférons choisir notre route.

Nous pensions que ce serait une journée calme, facile, avec un faux plat descendant jusque CHIASSO (c’était le but fixé) mais nous nous faisons parfois de fausses idées. Il est vrai que cela a commencé tranquillement, dans la vallée, mais nous n’avions pas vu qu’il fallait assez vite changer de vallée, et pour changer de vallée il faut d’abord passer un col. Une bonne montée de plus de 5 kilomètres bien serrés.
Ensuite nous avons continué à suivre la 3 et les voies cyclables sont bien faites, elles ont de bonnes intentions, comme celle de nous faire passer dans les beaux villages. Mais il faut savoir que ceux-ci sont toujours à flanc de colline, et à la fin c’est nous qui sommes sur les flancs.

Il n’y avait bien sûr pas de camping à CHIASSO et nous sommes donc allés jusqu’à celui de CÔME, sans pistes cyclables, et là encore il a fallu bien monter. Bref c’est une journée avec beaucoup de dénivelé, mais nous voilà en Italie un peu plus tôt que prévu, tant mieux parce que c’est moins cher et en plus il y a du soleil : incroyable ! Cela va permettre de sécher un peu la tente et ses occupants.
L’organisation du camping confirme que nous ne sommes plus en Suisse, c’est beaucoup plus olé olé, même si c’est le camping international de CÔME. Le resto du camping est familial et ils ont sorti les nappes à carreaux et les verres à moutarde (mais les prix n’ont plus rien à voir avec la veille).
J’allais oublier la traversée de Lugano. Nous nous sommes fait arrêter par de jeunes « trouducs » mandatés pour l’organisation d’une course cycliste qui empruntait les pistes cyclables. Il nous a donc fallu prendre un autre chemin, et monter, monter, et se faire arrêter encore deux fois pour laisser passer les pros… Mais le plus remarquable dans cette affaire, c’est l’attitude des petits « trouducs » qui se sentaient investis d’un petit pouvoir. C’est affreux des imbéciles à qui on donne du pouvoir : des petits cabots ou des petits kapos ?

Bergame
Agriturismo

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COME – ALBANO SANT’ALESSANDRO 85 kms

Une journée pas très drôle, même s’il y a quelques perles au niveau du paysage (les montagnes en fond) et des résidences somptueuses. Mais la région que nous traversons est fortement urbanisée avec beaucoup trop de circulation à notre goût.

Nous passons par BERGAME, une belle ville, mais qui n’a pas de camping. Nous poursuivons donc sans savoir où nous allons atterrir. Mais en cherchant sur internet, Monsieur Google (il nous aidera beaucoup tout au long de notre voyage) nous indique une ferme (agriturismo[1]) qui nous propose un appartement grandiose à un prix dérisoire. Qui plus est, on nous sert un repas on ne peut plus copieux. Nous avons vraiment de la chance, nous retiendrons cette adresse.

Très gros orage la nuit, mais on est bien à l’abri !

[1] L’agritourisme ou agrotourisme est une forme de tourisme dont l’objet est la découverte des savoir-faire agricoles d’un territoire, et par extension des paysages, des pratiques sociales et des spécialités culinaires découlant de l’agriculture. Cette activité permet de générer un développement économique plus ou moins marqué pour les territoires et les agriculteurs concernés. Cela regroupe des services d’accueil et d’hébergement, des campings, de la restauration, mais également la découverte du milieu rural et des activités spécifiques.

ALBANO – CREMONE 113 kms

Un petit déjeuner bien copieux, comme à la ferme, et nous partons à 9 heures. L’orage est passé, il ne pleut plus.

À PALAZZOLO SULL OGLIO nous rejoignons une piste cyclable, c’est incroyable, il y a des pistes en Italie. Et en plus celle-ci est très belle ; elle suit la vallée de l’Oglio et descend vers CREMONE. Les paysages sont beaucoup plus agréables que la veille ; on est à la campagne.

Geneviève a bien vérifié, avec son ami Google, qu’il y avait un camping à CREMONE, et effectivement il est indiqué sur de nombreux panneaux, il n’y a qu’à suivre… Mais lorsque nous arrivons devant la porte du camping, force est de constater qu’il est fermé, fermé depuis un an. Les voisins le confirment et ils enfoncent le clou en nous disant qu’il n’y a plus du tout de camping dans la région. Monsieur Google n’est pas toujours à jour !

Nous voilà une fois de plus le bec dans l’eau. Nous qui pensions nous installer confortablement sur le Pô, pour faire une journée de repos, c’est raté ! Nous nous consolerons avec une très bonne pizza et nous bivouaquerons dans la forêt en face du camping.

CREMONE – GUASTALLA 93 kms

Nous partons tôt, 7 heures, sans rien dans le ventre. Nous pensions longer facilement le Pô (le fiume Pô comme ils disent) mais nous tournons un peu en rond[1], en quête d’un petit déjeuner et d’une piste éventuelle. Nous trouvons de quoi faire des courses vers 10h30 et nous petit-déjeunons à 11 heures. Il était temps !

Nous traversons le Pô sur un pont en travaux interdit même aux piétons (Ponte G. Verdi). Mais nous avançons quand même, en poussant notre vélo, en sautant des barrières ; ce ne serait rien si le pont ne mesurait pas 2km513. Et au bout on nous demande presque de faire demi-tour ! Heureusement qu’un employé a su faire preuve d’un peu d’humanité et a convaincu ceux qui voulaient faire appliquer la règle !

[1] D’où l’expression : tourner autour du Pô.

La plaine du Pô, de l’autre coté, ressemble vraiment à la plaine du Pô de l’autre coté. Autrement dit rien n’a changé, c’est toujours aussi peu peuplé, même si nous avons changé de région (nous sommes dans la région de PARME).

Il y a de très grosses fermes (cascinas), souvent agées, et aussi quelques beaux villages. Nous trouvons des pistes cyclables mais nous ne voyons pas l’eurovélo 8 que nous pensions rejoindre. Nous sommes passés aussi dans le village (BRESCELLO) où a été tourné Don Camillo. Fernandel y a une belle statue.

Brescello a été rendue célèbre au cours des années 1950 pour avoir servi de cadre aux démêlés de don Camillo et Peppone, les deux personnages principaux de la série de romans de Giovannino Guareschi et des films qui en ont été tirés. Une légende tenace dans quelques villages alsaciens fait de Brescello le lieu d’origine du boulanger créateur du bretzel ; il aurait voulu honorer son village de naissance en donnant son nom à sa création.

Aucun camping dans les environs. C’est encore l’agriturismo qui nous sauve. A 17h30 nous optons pour une chambre à la ferme, et en plus, chez une comtesse ! Un peu de noblesse pour ceux qui la veille couchaient dehors, quel contraste !

Bizarre. Dans un village il y avait un cycliste d’origine africaine, juste devant nous, avec un vieux vélo, un gros sac. Il s’est fait arrêter et contrôler par les carabinieri. Nous sommes passés sans problèmes. Peut-être est-ce dû à la marque des vélos… Nous sommes même repassés plusieurs fois devant ce poste de police, ils n’ont jamais daigné s’intéresser à nous. Trop vieux peut-être…

Plaisanteries mises à part, l’immigration est le problème qui nous a le plus marqué en Italie. Nous y serons confrontés tous les jours.

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La demeure de la comtesse de Casanova
La demeure de la comtesse de Casanova

GUASTALLA – BERGANTINO 83 kms

Au-revoir comtesse, bonjour le Pô.

Nous passons en effet la journée sur le Pô (voilà qui plairait bien à mon beau-frère). Au bout des quatre premiers kilomètres sur la piste (une belle piste), une pancarte s’est jetée au milieu de mon chemin et je n’ai pas pu l’éviter[1]. Cela m’apprendra à regarder la route. Ce fut une lourde chute, mais sans trop de dégâts, ni sur le vélo que nous avons redressé, ni sur son occupant qui était déjà tordu avant. Il m’en restera quand même un doigt bien meurtri qui me gênera tout au long du voyage.

Ensuite nous longeons le fiume et ses méandres et nous avons beau y faire nous avons toujours un vent fort, de face, c’est usant. La plaine du Pô nous montre sa grandeur, mais aussi sa décadence. Il y a beaucoup de maisons et de vieilles fermes en ruine. Par contre il n’y a toujours pas de camping, et guère plus d’hébergements en agriturismo.

Peu avant REVERE, à une vingtaine de kilomètres, nous voyons les premiers panneaux de l’eurovélo 8. A REVERE nous traversons pour prendre l’autre rive et vers 18 heures nous nous arrêtons à BERGANTINO, où il n’y a rien… Mais une dame super gentille, à qui nous demandions des renseignements, nous invite à planter la tente dans son jardin. L’humanité peut être belle ! et en plus son fils, qui nous accueille, a étudié la philosophie à Paris et il parle bien le français, c’est super ! Même la grand-mère s’y met en nous donnant à manger.

[1] En fait elle n’est pas vraiment responsable, elle n’avait rien fait. Elle avait simplement l’inconvénient d’être là alors que je regardais ailleurs.

BERGANTINO – CHIOGGIA 113 kms

Il y a des journées plus faciles que d’autres. Lassés de rester sur le Pô toute la journée nous avons changé de fleuve et nous avons suivi l’Adige qui nous a emmenés jusque la mer, à SOTTOMARINO, près de CHIOGGIA, sur la lagune de VENISE. Plus de cent kilomètres, mais sur du plat, sans une voiture, et pour une fois avec le vent dans le dos : un vrai bonheur.

Repas de midi à BADIA POLESINE, très belle bourgade avec une très belle abbaye bénédictine. La Polésine est une région géographique située entre le Pô et l’Adige.

De plus, à l’arrivée, il n’y a pas un mais au moins sept ou huit campings. Nous n’avons que l’embarras du choix. On se demande pourquoi ils les mettent tous au même endroit.

Le seul hic de la journée c’est qu’au moment d’installer la tente il y a eu un gros orage, avec des grêlons gros comme des billes, avec même quelques cochonnets. Mais la tente a tenu bon.

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SOTTOMARINA camping Miramare 13 kms

Repos. Le matin nous nous contentons de quelques kilomètres à pieds dans cette station balnéaire qui ne présente pas grand intérêt. Le seul attrait, c’est peut-être la mer, mais il faut aimer, et les gens qui se baignent ne sont pas trop nombreux : il faut être fana ou fada.

L’après-midi nous allons visiter CHIOGGIA qui, elle, est une ville à connaître. C’est une ville de pêcheurs pleine de charme, la « Venise du pauvre » dit-on. Et il y a du soleil !

Chioggia est une ville côtière de 52000 habitants, située sur une petite île, à l’entrée sud de la lagune de Venise, au nord du delta du Pô, à vingt cinq kilomètres environ de Venise à vol d’oiseau, soit cinquante par la route. L’île historique et Sottomarina sont reliées entre elles et à la côte par des ponts.

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SOTTOMARINA 31 kms

Repos, encore, c’est bon !

Le matin nous allons au marché aux poissons, à CHIOGGIA, c’est pittoresque.

L’après-midi nous faisons le tour d’ISOLA VERDE, une zone de maraîchage qui parait plutôt pauvre, avec de braves paysans à genoux dans la boue pour faire pousser trois carottes. Cette zone est bordée, le long de la mer, par des plages privées, des résidences de vacances et des villas somptueuses toutes fermées. Le contraste est impressionnant et il fait réfléchir.

Demain nous partirons à VENISE, il paraît que c’est beau…